Aller au contenu principal

Les départements et régions d’outre-mer bien plus touchés par le diabète que l’Hexagone

À l’occasion de la Journée Mondiale du Diabète, Santé publique France a publié un bulletin épidémiologique*sur le diabète en outre-mer afin de mieux comprendre les spécificités de ces territoires et projeter des actions ciblées. Les chiffres sont sans appel : les habitants ultramarins sont bien plus touchés par le diabète de type 2 que ceux de France métropolitaine. Une situation très préoccupante dont les causes demeurent complexes et qui appelle tous les acteurs de santé à se mobiliser pour endiguer cette progression alarmante.

Diabète de type 2 : une prévalence très élevée dans les départements et régions d’outre-mer (DROM)

La Journée Mondiale du Diabète est l’occasion pour la Fédération de rappeler que  l’épidémie de diabète  ne cesse de progresser, avec plus de 4 millions de personnes vivant avec le diabète. Ce constat est avéré dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), où le diabète sévit durement.
À travers l’analyse des résultats issus de l’exploitation des données de l’étude Entred 3** et du Baromètre santé 2021*** publiés par Santé publique France, les auteurs mettent en évidence certaines caractéristiques locales, avec parfois des différences plus marquées selon les régions :

-    La prévalence du diabète de type 2 dans les 4 DROM étudiés est très élevée : 12% aux Antilles (Guadeloupe et Martinique) et en Guyane, et 13,6% à La Réunion, ce taux étant deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
-    L’âge du diagnostic du diabète de type 2 est plus précoce :  environ 5 ans plus jeune en Guyane et à la Réunion par rapport aux Antilles et à l’Hexagone.
-    Une prédominance féminine : les femmes sont davantage touchées comparativement à la Métropole.
-    Les résidents de La Réunion, de la Guyane et de la Guadeloupe ont une corpulence en moyenne, plus faible (mais en surpoids) qu’en métropole où l’indice de masse corporelle est de 29,5 kg/m2.
-    Les complications chroniques du diabète sont souvent plus fréquentes et plus graves dans les DROM.  « Pour exemple, les amputations des membres inférieurs étaient, respectivement 1,5 fois et 1,3 fois plus fréquentes en Martinique et à la Réunion, en 2021 ». De même, les hospitalisations pour accident vasculaire cérébral ou insuffisance rénale chronique étaient respectivement « 1,5 fois plus fréquentes à La Réunion et 2 fois plus fréquentes en Martinique », par rapport à la France métropolitaine.

Les chercheurs décrivent également des territoires ultramarins où se concentrent des inégalités sociales de santé : précarité, chômage, niveau d’études moins élevé, un ressenti financier plus difficile, une augmentation de la consommation d’aliments ultra-transformés, une démographie médicale plus contrainte… accentuant le fardeau lié à la gestion du diabète au quotidien.

Dans l’éditorial du BEH, François Bourdillon, l’ancien directeur de Santé publique France, ne manque pas, d’ailleurs, de rappeler que « les produits alimentaires sont volontairement plus sucrés que dans l’Hexagone », et cela malgré l’adoption, en 2013, de la loi dite Lurel qui vise à garantir que la quantité de sucres ajoutés dans les produits vendus en outre-mer ne soit pas supérieure à celle des produits disponibles en France métropolitaine.

Un diabète connu mais mal pris en charge

Les chercheurs ont également évalué la proportion de personnes ayant connaissance de  leur diabète **(auto-déclaration) dans ces 4 DROM. Un panel de personnes a donc été interrogé.
Parmi les répondants qui ont déclaré être atteints de diabète, 82% des Réunionnais avaient un traitement médicamenteux, 90% des Guyanais 92%, 92% des Martiniquais et 93% des Guadeloupéens.
Les chercheurs soulignent que, parmi les personnes non traitées par des médicaments, résidant dans les 4 DROM, 42 % avaient recours à un régime alimentaire, 33% à de l’activité physique, 14% à l’autosurveillance glycémique et 26% utilisaient des plantes médicinales. Plus préoccupant, 44% des personnes atteintes de diabète non traitées par des médicaments déclaraient n’utiliser aucune mesure de prise en charge recommandée.

La Fédération toujours mobilisée dans les DROM

Les résultats de ces études nous rappellent la nécessité de renforcer nos actions dans les DROMS. La Fédération, les associations de la Guadeloupe (AFD 971), de la Martinique (AFD 972) et de La Réunion (AFD 974) sont pleinement mobilisées et engagées au quotidien pour soutenir les personnes atteintes de diabète et leurs proches. Depuis de nombreuses années, elles mènent des actions d’accompagnement et de soutien, de sensibilisation et de prévention, organisent des ateliers et des rencontres en collaboration avec les instances sanitaires et les collectivités locales.

Pour contacter l’une des associations présente dans les DROM, c’est ici.

Sources :
*Fosse-Edorh Sandrine et al. Diabète en outre-mer : comprendre les spécificités locales pour cibler les actions. Santé Publique France, bulletin épidémiologique hebdomadaire, 14 novembre 2023, n°20-21. https://www.santepubliquefrance.fr/revues/beh/bulletin-epidemiologique-hebdomadaire

**Fosse-Edorh S, Lavalette C, Piffaretti C, Saboni L, Bessonneau P,Mandereau Bruno L, et al. Caractéristiques, état de santé et recours aux soins des personnes présentant un diabète de type 2 résidant en outre-mer : résultats de l’étude Entred 3. BullÉpidémiol Hebd. 2023;(20-21):412-23.
http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2023/20-21/2023_20-21_1.html

***Hernandez H, Piffaretti C, Gautier A, Cosson E, Fosse-Edorh S. Prévalence du diabète connu dans 4 départements et régions d’outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion. Résultats du Baromètre de Santé publique France de 2021. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(20-21):424-31. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2023/20-21/2023_20-21_2.html

Pour en savoir plus, consultez nos actualités :

Entred 3 : une étude pour mieux connaitre l’état de santé des personnes atteintes de diabète
Diabète en Martinique : l’urgence d’agir

Découvrez :
Le portrait de Henrico Ichane, président de l’AFD 974
Le portrait d'Aliette Ventura, présidente de l'AFD 92, ci-dessous.